Les
Petites Formes Théâtrales d’automne sont, pour la saison en cours, la première sortie publique de la troupe de la COMPAGNIE DU RESSORT.
Les comédiens et comédiennes - enfants, adolescents, adultes - interprètent plusieurs chapitres de la même Nouvelle littéraire, comme les morceaux d’un puzzle.
Ils les réunissent enfin, offrant au public une narration à plusieurs voix… continue, théâtralisée, dynamique. Autour de cette première création sur le thème de la saison «
Quel art est-il ?» :
initiation au maquillage de scène, pour les comédiens - accueil du public en musique avec une playlist inspirée par le texte -
buvette à prix doux, garnie de boissons chaudes et fraîches, de bouchées artisanales, du sourire des bénévoles…
LA GRANDE GRAMMATISATRICE AUTOMATIQUE
nouvelle de Roald Dahl , 1953

Adolphe Knipe, jeune ingénieur de génie, créateur d’un super-calculateur,
a pour rêve secret de devenir écrivain, mais il est désespéré de constater qu’aucune revue ne s’intéresse aux nouvelles
qu’il envoie. Il conçoit alors une nouvelle machine dont le but est d’écrire des textes. Constatant que chaque revue a ses goûts, son style
et que la grammaire repose sur des règles immuables, il lui semble possible de mécaniser la littérature. Il convainc son employeur, John Bohlen, de financer la machine
qui pourra rendre les écrivains inutiles, en saturant le monde éditorial de nouvelles vendues pour la moitié du tarif habituel. John Bohlen, d’abord surpris d’apprendre que les écrivains tirent des revenus de leur travail -,
mais quand son employé lui fait miroiter la perspective de signer certains textes de son nom, il se rêve en littérateur respecté. La machine est construite,
et malgré quelques ratées au début, s’avère diablement efficace. Bohlen et Knipe fondent une agence littéraire et proposent à des écrivains déjà célèbres de laisser la machine œuvrer à leur place, sous leur nom, contre une généreuse compensation financière,
et avec l’assurance que leurs prochains romans seront meilleurs que s’ils les avaient écrits eux-mêmes.
Roald Dahl n’est pas le premier à imaginer une IA qui rendrait l’écrivain obsolète. En 1735, dans «Le troisième voyage de Gulliver», Jonathan Swift décrit le
Literary Engine de l’Académie de Lagoda
pour dénoncer le manque d’intelligence et d’originalité de l’écriture académique des universitaires. En 1949, dans son roman «1984», George Orwell imagine le
Versificateur utilisé par le
Ministère
de la Vérité pour produire des textes ineptes propres à distraire le peuple. En 1953, la nouvelle «What do you read ?» de Boyd Ellanby, met en scène une littérature industrielle qui déshumanise
les lecteurs habitués à consommer des fictions mues par une logique froide.
Dans «La grande grammatisatrice automatique», Roald Dahl parle de la littérature commerciale, des écrivains qui répètent une formule, de la fragile intégrité des créateurs,
des difficultés matérielles éprouvées par les écrivains, de la jalousie professionnelle, de la tentation de la facilité,
de la dévaluation du travail par la mécanisation… Ce texte, écrit il y a 70 ans, trouve une certaine actualité au moment où les technologies telles GPT-3 semblent franchir un cap,
provoquent des inquiétudes chez de nombreux professionnels du texte.
Roald Dahl (1916-1990) est né au Pays de Galles, de parents norvégiens. Jeune, il aimait Dickens, Ambrose Bierce et Frederick Marryat. Il tint un journal intime à partir de l'âge de huit ans.
Il le mettait dans une boîte accrochée à une haute branche d'arbre, de façon à ce que ses sœurs ne puissent y accéder. Ainsi, chaque jour, il grimpait à l'arbre et s'y asseyait
pour rédiger ses notes du jour. Il était passionné de peinture, de meubles et de jardinage. Roald n'aimait pas l'école. Il fut persécuté par son professeur de latin, la surveillante
qui avait tous les pouvoirs et le directeur brandissant sa canne. Quoi qu'il dût endurer à l’école, il y avait un énorme avantage à être scolarisé à Repton : l'école était proche de Cadbury,
l'une des plus célèbres chocolateries d'Angleterre, et qui proposait régulièrement à des écoliers de tester les nouvelles variétés de barres chocolatées.
Son enfance et sa scolarité influencèrent beaucoup les écrits de Roald Dahl et sont le sujet principal de son autobiographie, «Moi, Boy». À 20 ans, il part en Tanzanie en Afrique
pour le compte d’une compagnie pétrolière. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage en tant que pilote de chasse à Nairobi au Kenya. Lors d'un vol, il échappe de peu à la mort,
son avion s'étant écrasé. Ses exploits de guerre sont détaillés dans son autobiographie «Escadrille 80». Envoyé en mission aux États-Unis, notamment pour convaincre les Américains
d'intervenir dans le conflit, il fait la connaissance de l'écrivain américain C.S.Forester et de Ian Fleming, espion britannique et futur auteur de James Bond.
Durant les 15 premières années de sa carrière, Dahl se focalisa sur l'écriture pour adultes. Le Sunday Tribute décrivit ses nouvelles : «ses histoires sont bizarres, inventives, intelligentes,
imaginatives. Pour la gentillesse et les plaisanteries, je vous recommande de regarder ailleurs. Si, au contraire, c'est de l'ingéniosité noire avec des tonnes de méchanceté et une tranche d'humour,
alors Roald Dahl est votre homme.» Le premier livre pour enfants qu'il écrivit fut «The Gremlins», un livre illustré publié en 1942 et adapté d'un scénario de Disney.
Sa carrière en tant qu'écrivain jeunesse ne devint sérieuse que dans les années 1960, après qu'il fut devenu père. À cette époque, Roald et sa famille s'installent dans le Buckinghamshire,
en Angleterre. C'est dans une petite cabane au fond du jardin qu'il écrivit la plupart de ses histoires inoubliables pour petits et grands : James et la grosse pêche (1961),
Charlie et la chocolaterie (1964), Danny champion du monde (1975), La Potion magique de Georges Bouillon (1981), Le Bon Gros Géant (1982), Sacrées Sorcières (1983), Matilda (1988), etc.
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